vendredi 16 juillet 2010

Mareva Galanter dans la peau d’Emmanuelle

Mareva Galanter dans la peau d’Emmanuelle


 Troisième chapitre de notre série d’été dédiée aux affranchies célèbres. Troublante, Mareva Galanter réinvente l’icône érotique des années 70. Sa beauté frondeuse chante le corps d’Emmanuelle…


Paru le 17.07.2010 , par Clara Dufour


Pas de rouge à lèvres ensorcelant, ni de décolleté plongeant. Mareva Galanter ne fait rien pour attirer l’attention. Pourtant, cette fille allumette au regard bleu marine est un paradis que tous les conquistadors rêveraient d’approcher. Sensuelle sans le chercher, elle affole les sens avec la candeur d’une Emmanuelle. Sa beauté naturelle pourrait être énervante si elle n’était pas portée avec cette désarmante désinvolture. Fleur sauvage a éclos sous le soleil de Tahiti. « Un lieu magique pour vivre une enfance pleine d’insouciance », dit-elle avec ferveur. On la croit sur parole… Toujours en paréo, pieds nus dans le sable, Mareva a dû très tôt savourer le goût de la liberté et de l’indépendance. À la nuit tombée, lorsque les autres enfants étaient endormis, elle aimait partir pêcher la crevette dans les récifs, seule, armée de sa lampe de poche. « J’étais l’aînée d’une fratrie de trois garçons, dont je m’occupais beaucoup, alors ces escapades en solitaire étaient comme une respiration pour moi. » De ce pays pas comme les autres, Mareva a gardé une humeur très Happy Fiu, titre de son second album (1), dont le jeu de mots paradoxal est révélateur de sa personnalité : sans aucune fausse note, son caractère happy (« joyeux ») vient parfois chahuter avec « fiu », terme tahitien pour évoquer la mélancolie. « Je suis comme un ciel tahitien, sans nuages, lumineux et radieux, qui brusquement peut s’assombrir, céder à un coup d’orage, à une tempête passagère. »


Née d’un père franco-russe et d’une mère polynésienne, Mareva a grandi dans un archipel où le métissage des cultures interdit les a priori. C’est peut-être pour cela qu’à 18 ans elle s’est présentée au concours Miss Tahiti, puis à celui de Miss France, se moquant de l’image surannée de l’événement comme des lendemains qui déchantent. « J’étais poussée par la curiosité et une bonne dose d’inconscience. » Résultat : la belle décroche le fameux titre et se voit propulsée dans un univers aux antipodes du sien. « L’arrivée à Paris a été glaciale, au sens propre comme au sens figuré. Jamais je ne me suis sentie à ce point déracinée et perdue. Du jour au lendemain, j’ai été parachutée sous le feu des projecteurs, sans y avoir été préparée. Le plus frustrant a été de réaliser que, au-delà du physique et de mon titre de Miss, la plupart des gens ne cherchaient pas à me connaître. »


« J’aime bien être chef de gang, comme je l’étais avec mes frères »


Dans cette prison dorée, beaucoup auraient vacillé. Pas elle. Quand Mareva avance dans la vie, elle glisse plus qu’elle ne marche, surfant sur les obstacles avec l’équilibre gracieux de ceux qui ont appris à anticiper la vague, à s’adapter aux éléments. C’est avec cette même fougue téméraire que l’audacieuse se décide enfin à écrire sa propre partition, en se lançant dans la chanson. Son premier album, Ukuyéyé (2), est une ode enjouée aux sixties où elle reprend des pop songs aux airs entêtants. « Ce fut une révélation, une libération même. Enfin, je découvrais un territoire d’expression dans lequel je me retrouvais totalement. » Pour son deuxième album, Mareva ne s’est fixé aucune limite. « Impose ta chance, va vers ton risque », disait René Char. Elle le prend au mot, s’autorise à écrire plusieurs textes intimistes et a l’aplomb de contacter, via MySpace, des artistes de renom avec lesquels elle rêve de collaborer, comme Rufus Wainwright ou Mickaël Furnon, du groupe Mickey 3D. Tous acceptent. Derrière son apparence fragile et lumineuse, Mareva cache un tempérament volontaire. Quand on lui fait remarquer qu’elle ne s’est entourée que d’hommes, son sourire s’élargit. « J’aime bien être chef de gang, comme je l’étais avec mes frères. Je me sens portée et protégée au milieu d’eux. »


Un homme la connaît mieux que quiconque : son compagnon, le créateur Jean-Charles de Castelbajac. Pour Happy Fiu, il lui a écrit plusieurs textes magnifiques, ciselés comme une robe haute couture. « Un cadeau inespéré, je n’avais même pas pensé à lui demander. Un jour, il est arrivé en me disant qu’il avait une chanson pour moi : c’était La Vie d’artiste. En lisant les paroles, j’ai été émue. Ce texte était tellement personnel, tellement vrai. Il a su écrire mes désirs, mes doutes, mes émotions, sans impudeur. » Cette vie d’artiste, tous les deux la mènent ensemble depuis presque une décennie. « Notre histoire, c’est un peu celle de La Belle et la Bête, de Cocteau, tant nos personnalités sont à l’extrême opposé. On s’en amuse d’ailleurs, mais c’est aussi ce qui nous rend si complémentaires, je crois. Au bout de neuf ans de vie commune, nous arrivons toujours à nous surprendre. »


« Vivre en couple ne signifie pas s’accaparer l’un l’autre »


(3/4)


Dans ce duo créatif, il n’est pas question de Pygmalion ni de Muse. « Nous nous inspirons mutuellement », affirment-ils en chœur. Jean-Charles confie volontiers que Mareva lui a apporté un équilibre, lui apprenant notamment que la création n’allait pas forcément de pair avec la souffrance. « Lui m’a permis de prendre confiance en mon talent et en mes choix artistiques. Il m’a révélée en étant mon premier fan. » Pas de choc d’ego entre eux. « Au contraire, quand l’un de nous doute, l’autre le soutient. J’essaie de le libérer de son stress avant chaque défilé, et il en fait autant à chacun de mes concerts. » On ne s’étonne donc pas d’écouter sur son album La Balade de Serge et Jane, tant l’osmose artistique entre Gainsbourg et Birkin semble faire écho à celle qu’elle partage avec JCDC.


L’amour est un thème récurrent dans son album. « Les passions amoureuses comme celle de Camille Claudel et Rodin me bouleversent, même si elles peuvent être destructrices. Je suis d’une nature passionnée. Pour autant, vivre en couple ne signifie pas s’accaparer l’un l’autre. Je tiens à ma liberté. » Entre la femme fatale et la femme-enfant, Mareva a décidé de ne pas choisir. Elle cultive juste le luxe de faire ce que bon lui semble. Cet été, la chanteuse écrit et compose son troisième album, poursuit une tournée mondiale avec le groupe Nouvelle Vague et parcourt la Normandie à la recherche d’une petite maison de campagne cocon. Bref, elle cumule les désirs, jamais rassasiée de projets. « J’ai souvent éprouvé ce sentiment étrange d’avoir commencé ma vie à l’envers, en ayant grandi sur une île où les gens s’installent plutôt à la retraite et en étant connue avant même d’avoir fait quelque chose d’artistique. Je voulais donner un sens à ce début d’histoire. » Pari réussi.


Madame Figaro. – Qu’est-ce qu’il y a d’Emmanuelle en vous ?


Mareva Galanter. - Le fauteuil en osier au dossier gigantesque. J’ai grandi avec un exemplaire totalement similaire à la maison.


Trois mots pour la définir…


Sensuelle, secrète et très française.


Emmanuelle, ultramoderne icône ?


Elle le devient parce que je l’incarne pour Madame Figaro cet été.


Sa devise est : « Il faudrait mettre le couple hors la loi. » Quelle est la vôtre ?


Cette phrase de Milan Kundera : « Le sexe n’est pas l’amour, c’est un territoire que l’amour s’approprie. »


Si vous aviez Emmanuelle en face de vous, que lui diriez-vous ?


« Vous avez aujourd’hui 60 ans, vous avez bouleversé une génération et fait scandale en nous parlant librement d’un érotisme postromantique. Que pensez-vous d’une époque où la pornographie ne choque plus personne ? »


Pour arriver à ses fins, quelle est sa tactique ? Et la vôtre ?


Emmanuelle séduit en faisant croire à sa soumission. Je suis à l’opposé d’elle. Naturelle, audacieuse et déterminée, je n’ai pas de tactique, que des envies !


Son attirail de l’été ?


Elle n’a besoin de rien – ou presque. Il lui faut juste un paréo en voile de coton blanc, très – mais alors très – léger, et La Pitié dangereuse, de Stefan Zweig.


Son hit ?


Elle écoute en boucle, dans son iPod, les groupes The Broken Bell, Foals et The Hole. Dynamisant et électrisant.


Son it boy de l’été ?


Elle n’en a pas qu’un…


Sa botte secrète ?


Être nue en Louboutin.


______EMMANUELLE, SULFUREUSE ICÔNE


Elle est un fantasme planétaire, une icône de la révolution sexuelle post-68. Il aura suffi d’une affiche, où elle apparaît alanguie sur son trône en osier, vêtue d’un seul collier de perles, pour qu’Emmanuelle règne sur le désir des hommes. Sorti en 1974, ce film érotique rend mondialement célèbre Sylvia Kristel, une jeune Hollandaise – dont le grigri était une dent de lait – que le réalisateur Just Jaeckin déshabille devant plus de cinquante millions de spectateurs dans le monde. L’histoire de cette belle oisive, qui découvre les jeux de l’amour libertin au fil de ses rencontres en Thaïlande, est accompagnée d’une bande-son signée Pierre Bachelet. Premier d’une longue série – Sylvia Kristel apparaît dans cinq Emmanuelle –, ce film, sorti dans un parfum de scandale et de tensions, échappa de justesse à la censure : il fut interdit seulement aux moins de 16 ans. Très vite, il devint le symbole du cinéma érotique acceptable. Depuis, Sylvia Kristel s’est reconvertie dans la peinture.____________




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